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DEUXIÈME PÉRIODE

écrin d’or où luisent les purs diamants dont se parait l’aristocratie polie. Les Mémoires de Saint-Simon sont un grand cabinet secret où gisent entassés sous une lumière vengeresse les défroques salies et menteuses dont s’affublait l’aristocratie servile. Après avoir ouvert le cabinet, il est à propos d’ouvrir l’écrin.

« Elle parle, mais en grande dame, avec le sentiment secret de sa dignité et de la dignité de ceux qui l’écoutent. Son style imite sa parole… Ce style est aussi mesuré que noble. Mme de La Fayette n’élève jamais la voix.

« D’un bout à l’autre de son livre brille une sérénité charmante, ses personnages semblent glisser au milieu d’un air limpide et lumineux…

« Elle se contient comme une grande dame et une femme du monde. Les sentiments sont d’accord avec le style ; ses sensations sont aussi délicates que la manière de les dire… On sent une âme qui a été élevée par les plus nobles conseils et les plus grands exemples, qui respecte l’honneur non seulement comme une loi inviolable, mais aussi comme la plus chère et la plus précieuse partie de son trésor intérieur. »

Mme de La Fayette fut grande amie de Mme Scarron et de la marquise de Sévigné. Elle avait quarante-quatre ans quand elle écrivit la Princesse de Clèves, où l’on trouve le style épuré et délicat, ainsi que les sentiments élevés qu’elle possédait au suprême degré.