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mère ; il convertira plusieurs des enfant d’Israël au Seigneur leur Dieu, et il marchera devant le Sauveur du monde, dans l’esprit et dans la vertu d’Élie, pour lui préparer les voies[1]. Élisabeth à son tour, s’élevant sur les ailes d’une divine inspiration, salue Marie comme la mère du Seigneur, et Marie répond dans un prophétique enthousiasme : « Désormais je serai appelée bienheureuse dans la suite des siècles[2]. »

Presque tout le peuple juif croyait, d’après une ancienne prophétie[3], que le retour du prophète Élie précéderait l’arrivée du Messie et préparerait ses voies[4]. Cette attente ne fut point complètement réalisée Élie ne reparut point lui-même ; il reparut en esprit dans la personne de Jean, précurseur du Messie. Ce fut dans la quinzième année du règne de Tibère, et sous l’administration de Ponce-Pilate, gouverneur de la Judée, que Jean, âgé de trente ans, apparut comme maître et docteur en Israël, suivant l’antique usage des Juifs. Il vint, comme il avait été prédit, prêcher dans un lieu désert, près du Jourdain. Sa vie était austère et mortifiée, sa parole grave et sérieuse ; il allait criant au loin : « Faites pénitence, le royaume du ciel est proche[5]. Vous ne connaissez pas celui qui est au milieu de vous : il vient, après moi ; mais il est avant moi et il est plus grand que moi. Déjà la cognée est à la racine de l’arbre. Tout arbre qui ne porte pas de fruit sera coupé ; et jeté au feu. » Et Jean, pour initier le peuple aux mystères du Seigneur, le baptisait dans l’eau, se servant, comme on s’y attendait du précurseur, d’un rite sensible, d’une lustration matérielle et symbolique, qui[6], administrée à tous les Juifs, était l’annonce de cette purification intérieure et

  1. Luc, I, 5, 17.
  2. Luc. I, 39-56.
  3. Mal., IV, 5-6.
  4. Matth., XVII, 10 ; Marc, IX, 10 ; Luc. I, 17 ; Jean, I, 21.
  5. Matth., III, 2.
  6. Buxtorf, Lex. Talm., p. 408. Lightfoot. Schœttgen, Wetstein et autres ont prétendu, dans leurs Comm. sur S. Matth. III, 6, que le baptême de saint Jean était une imitation du baptême des prosélytes juifs. Plus récemment on a élevé des doutes sur cette haute antiquité du baptême des prosélytes. Voyez Reiche, de Baptismatis orig. et necessit. necnon de formula baptismatis. Gœtt., 1816. — Schneckenburger, de l’Antiquité du baptême des prosélytes chez les Juifs, Berlin, 1828.