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disciples[1] ? 3o  C’était surtout aux pharisiens hypocrites, tout occupés d’œuvres extérieures et jaloux de dominer le peuple, que s’adressaient les reproches menaçants du Sauveur. Ils en étaient d’autant plus irrités qu’ils étaient incertains si Jésus ne se déclarerait point le Messie, dans leur sens charnel[2]. Aussi cherchaient-ils à éloigner le peuple de la foi en Jésus-Christ, comme Messie. Ils y réussirent facilement, car, 4o , sous tous les rapports, l’esprit et la doctrine de Jésus étaient opposés à l’esprit et aux maximes du monde, et se prêtaient peu aux penchants, aux désirs, aux espérances terrestres des hommes en général, et des Juifs en particulier. Ainsi, méconnu de tous côtés, Jésus vit, après trois années de travaux, s’approcher le terme des desseins de Dieu. Sans craindre ni rechercher la mort, il se rendit à Jérusalem avec ses apôtres, pour accomplir la loi, aux fêtes de Pâques[3] ; et là il déclara ouvertement que sa mort était proche, et qu’après trois jours il sortirait triomphant du tombeau ; et en même temps il pleurait, en dévoilant prophétiquement à ses disciples les malheurs qui menaçaient Jérusalem[4].

§ 41. — Mort de Jésus.

Certain de sa mort prochaine, certain de la durée de son œuvre, Jésus, après avoir donné les preuves les plus touchantes de son amour et de son humilité, institua, durant cette dernière pâque qu’il avait désirée d’un désir ardent[5], un banquet d’alliance et de perpétuelle commémoration. Là devaient se réunir désormais tous ses véritables disciples ; là Jésus se donnerait à eux spirituellement et corporellement jusqu’à la fin des temps. Ainsi devait se réaliser à jamais la parole prophétique qu’il avait adressée au peuple : Ma chair est une véritable nourriture, mon sang est

  1. Ce nombre est en rapport avec celui des membres du grand conseil de Jérusalem, comme celui des douze apôtres avec les douze tribus d’Israël. Eusèbe, Hist. ecclesiast., I, 22, dit déjà qu’il n’existait plus, de son temps, aucun témoignage de ces soixante-dix (ou soixante-douze) disciples. Ce qui a été ajouté au Lib. III de Vita et morte Mosis (ed. J.-A. Fabricius) est postérieur et peu authentique.
  2. Jean, X, 24.
  3. Luc, XVIII, 31. Cf. Jean, X, 18.
  4. Luc, XIX, 41 sq.
  5. Luc, XXII, 14 sq. Cf. Jean, XIII, 1 sq.