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cœur, en Espagne, pour y annoncer le Christianisme[1]. Ce qui est certain, c’est qu’il arriva en Crète, y laissa son disciple Tite, à qui, plus tard, il écrivit de Nicopolis, en Épire (?), une épître pleine d’onction et de sollicitude pastorale ; en même temps il adressa sa première épître à Timothée, à Éphèse[2]. Parti de Nicopolis, il visita de nouveau les églises de Corinthe, Troade, Milet, et, retournant en hâte à Rome, où ses frères étaient fortement menacés par Néron, il y trouva une seconde fois la captivité, écrivit encore à son fidèle Timothée, à Éphèse, et mourut durant la persécution cruelle qui éclata alors [an 67 ou 68 ap. J.-C.]. Il fut décapité par la hache du licteur, en sa qualité de citoyen romain, sur la route d’Ostie, heureux d’avoir obtenu enfin cette couronne de justice qu’il savait lui être réservée, mais inquiet des malheurs qui menaçaient l’Église de toutes parts[3].

§ 48. — Travaux apostoliques de Pierre.

Pierre, plus que tous les autres apôtres, avait contribué à la fondation de la première Église chrétienne à Jérusalem, Il avait parcouru à plusieurs reprises la Palestine pour y régler tout ce qui concernait les nombreuses communautés naissantes. Il dirigea probablement aussi durant quelque temps l’Église d’Antioche, en qualité d’évêque[4]. Il évangélisa successivement le Pont, la Cappadoce, la Galatie, l’Asie et la Bithynie, et, d’après les traditions bien constatées, se rendit à Rome à peu près vers l’an 42 après J.-C. Il revint cependant à Jérusalem et y échappa miraculeusement à la persécution d’Hérode. Après la mort de

  1. Rom. XV, 24-28. Saint Clément, dans son ep. I ad Cor. c. V. dit à ce sujet : Ἐπἱ τό τερμα τἢς δὑσεως ἐλθών, ce qui indique l’Espagne et non l’Italie, dans une lettre écrite d’Italie ; cela est plus clair encore dans un fragment sur les canons de la dernière partie du IIe siècle, des Reliquiæ sacræ de Routh, t. IV. p. 4.
  2. Feilmoser, Introd. aux livres du Nouveau Testament, éd. II, p. 452-57.
  3. 2 Tim. IV, 8.
  4. Hieronym., de Script, écclesiast., c.l. Eusèbe, Hist. ecclés., III, 22, paraît d’un avis contraire quand il nomme Evodius comme premier, Ignace comme deuxième évêque d’Antioche. Cependant, au liv. III, 36, Eusèbe nomme Ignace le second successeur de Pierre.