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en réalisant la pensée hardie de la communauté des biens[1]. Cependant, cette imitation sainte de l’union parfaite de Jésus-Christ et de ses apôtres ne fut que locale et temporaire ; elle resta comme un éternel monument de la puissance du christianisme sur les esprits[2]. D’autres Églises prouvèrent leur charité pour leurs frères éloignés en les soutenant par les aumônes, dont les épîtres des apôtres font si souvent mention. D’autres encore pratiquaient une cordiale et affectueuse hospitalité. D’autres enfin furent les flambeaux de leur temps et la lumière des siècles futurs, par la patience inaltérable avec laquelle elles supportèrent les mépris et les persécutions, par la foi·vive, la confiance filiale et l’enthousiasme profond avec lesquels elles dirigèrent leurs regards et leurs espérances vers les choses éternelles[3]. Le mariage, que les païens comprenaient si mal, était pour les chrétiens un grand sacrement et le symbole de l’union du Christ et de son Église[4] ; il rendait la condition de la femme égale à celle de l’homme par l’amour et la fidélité qu’ils se doivent réciproquement[5] ; il était par cela même, indissoluble pour eux, et en même temps la virginité recevait les honneurs qui lui sont dus[6].

Cependant l’Église, dès les temps apostoliques, nous présente des membres gangrenés, les uns indignes du nom de chrétien, les autres infidèles un moment au vœu du baptême, revenant à la vérité par la pénitence, par la vertu

  1. Act. II, 44 ; IV, 32-37 ; V, 1-5.
  2. Moshemii Commenttat. de vera natura communionis bonor. In Eccl. Hierosolym. (Ejusd. Dissertat. Ad Hist. Eccl. pentin., vol. II, p. 23. Alton., 1743.)
  3. Les apôtres mettent souvent en avant, comme un des plus grands bienfaits de l’Évangile, le dogme de l’immortalité de l’âme enseigné par Jésus-Christ (2 Tim. I, 10 ; cf. Jean, II, 25, 26), ce que justifient parfaitement les opinions antérieures au Christianisme. Combien peu d’entre les philosophes de la Grèce crurent à cette immortalité ! Le germe d’une espérance immortelle fleurit cependant dans la doctrine noble et pure de Socrate. « Rien, disait ce sage, ne doit coûter pour conquérir l’immortalité ; car la lutte est belle et l’espérance est grande. » Stolberg, t. VI, p.247. II Tim. I, 10. Conf. Jean, XII, 25-26.
  4. Eph. V, 32·; 1 Cor. VII, 11 ; cf. Gaume, Histoire de la famille, etc.
  5. Col. III, sq. Eph. V, 25.
  6. 1 Cor. VII, 32, 34, 38.