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vérité, par le fait d’une doctrine positive[1]. C’est à ce point de vue que les erreurs dont nous venons de parler, et plusieurs autres, sont si victorieusement réfutées, surtout dans le sublime prologue de son Évangile. Le Logos[2], qui a tout créé et sans qui rien n’est créé, n’est ni un être purement humain (contre les Ebionites) ni un Dieu inférieur au Dieu suprême, mais un Dieu coéterrnel et consubstantiel avec Dieu le Père[3] ; ce Logos éternel n’est pas seulement descendu sur Jésus au moment de son baptême, mais il s’est fait chair (σάρξ) ; il s’est fait homme (contre Cérinthe et les Docètes). Jean, qui n’était qu’un homme, n’était pas la lumière désirée par les nations ; mais il était envoyé pour rendre témoignage à la vraie lumière, qui s’était rendue visible en s’incarnant dans le Christ (contre les disciples de Jean)[4]. Ce n’est point par la loi mosaïque qu’on est admis dans la société du Verbe et qu’on obtient le pouvoir d’être fait enfant de Dieu (contre les chrétiens judaïsants) ; c’est par la foi en la divine mission du Christ[5]. C’est avec le même regard d’aigle que, dans son Apocalypse[6], le Voyant découvre les destinées de l’Église, victorieuse de toutes les révolutions qui doivent l’agiter jusqu’au jour où tout sera renouvelé et où la Jérusalem terrestre sera transformée en une cité divine. Ce zèle, cette ardeur apostolique, si vivants dans son Évangile et ses Épîtres, ne s’éteignirent point avec les années dans l’apôtre centenaire. C’est ainsi qu’il allait sans s’inquiéter du péril, chercher, jusque dans les retraites des brigands, un de leurs complices, que jeune encore il avait tendrement aimé[7] ; c’est ainsi que, condamné par la faiblesse de

  1. Néander, Hist. de l’établissement et de la propagat. de l’Église chrét. par les apôtres, P. II, p. 483. Tel est aussi le caractère de la polémique de son disciple saint Ignace ; cf. ep. ad Smyrn. c. 5 : Τὰ δὲ ὀνοματὰ αὐτῶν; ὄντα ἄπιστα, οὑϰ ἔδοξὲ μοι ἐγγράψαι (Ta de onomata autôn; onta apista, ouk hedoxe moi eggrapsai).
  2. Voyez, sur le sens du Logos de saint Jean et la différ. avec celui de Philon, Gaz. phil. et th. de Bonn, livraison 28, p. 90-117. Staudenmaier, Philosophie du Christ, t. I, p. 440-463.
  3. Jean, I, 3.
  4. Jean, I, 6-8.
  5. Jean, I, 12 ; XVII, 3.
  6. Hug. Introd. au Nouv. Test., P. II. Scholz, Expl. de l’Apocal. Voyez aussi Bossuet. Cf. Boest ; Expl. De l’Apoc. Darmst., 1835. L’Esprit de l’Apocalypse, par feu Mgr Fr. de Bovet, ancien archevêque de Toulouse, — par M. le marquis du Bouchet. Paris, 1841.
  7. Clem. Alexand. Dans son livre Τίς ὁ σωζόμενος πλουσιός (Tis ho sôzomenos plousios), c. 42.