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Christianisme, qui distingue, comme ils doivent l’être, l’Église et l’État. Les événements du domaine religieux sont d’ailleurs bien moins intéressants dans les temps antérieurs au Christianisme que depuis cette époque. Tout, chez les peuples anciens, dans leurs luttes, leurs tendances et leurs efforts, converge vers l’État ; la religion n’est point le principe vivant de l’activité sociale.

De nos jours encore, trop souvent, l’histoire reste ainsi limitée dans la sphère de l’homme, qu’on fait le centre de tout, et à qui on rapporte tout honneur et toute gloire. Mais Mœhler pense que, partant du principe fondamental du Christianisme, il faut définir l’histoire : « La réalisation dans le temps du plan éternel de Dieu, disposant l’homme, par le Christ, au culte et à l’adoration qui sont dignes de la majesté du Créateur et de la liberté de la créature intelligente. Montrer, ajoute-t-il, comment l’esprit du Christ s’est introduit dans la vie commune de l’humanité et se développe dans la famille, les peuples, les, États, dans l’art et dans la science, pour en former des instruments de la gloire de Dieu, tel est le but de l’histoire chrétienne »[1].

Et l’on tiendra d’autant plus à cette manière de concevoir l’histoire, qu’on sera plus convaincu que l’esprit chrétien, l’esprit éclairé, transfiguré par la lumière de la révélation divine, peut seul reconnaître et suivre la conduite de la Providence dans l’histoire du monde, avant et après la venue du Christ[2]. Car personne, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ne peut ouvrir le Livre, ni même le regarder, si ce n’est le Lion de la tribu de Juda, le Rejeton de David, l’Agneau qui a été immolé[3].

De là il résulte : 1°, que si, d’après la définition donnée plus haut, l’histoire est le récit des choses temporaires,

  1. Ad loc. cit., p 263-271.
  2. « La Conscience chrétienne est la lumière qui nous fait comprendre le paganisme. » Revue, théol. de Fribourg, t. VIII, p. 49-87. Allem. Jean de Muller reconnut aussi, après de longs et pénibles efforts, que l’Évangile seul pouvait fournir le fil conducteur pour l’étude de l’histoire universelle et le plan divin de l’humanité. Cf. Œuvres, t. VIII, p. 246, et t. XVI, p. 138, édit. in-8. — Gams, But et résultat de l’histoire. Tubingen, 1850, p. 96.
  3. Apoc. V, 3, 5.