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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/257

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miurge ; mais, ayant voulu faire connaître aux hommes le Dieu bon et caché, il fut crucifié par les Juifs, d’après les instigations de leur Dieu. Quiconque croit au Christ et pratique la vérité a part au royaume de Dieu : l’infidèle reste sous le joug du Dieu des Juifs. Marcion imposait aux croyants, qu’il n’admettait qu’après un long et sévère catéchuménat, une conduite morale très-sévère, l’abstinence du mariage, de tout plaisir, de toute joie, de tout aliment non indispensable, en se fondant sur un évangile altéré de saint Luc et sur dix fausses lettres de l’apôtre Paul (ὀ άπόσολος). Contrairement aux autres gnostiques, il rejetait toute doctrine secrète, la théorie de l’émanation et les commentaires allégoriques. Sentant la nécessité du culte, niée par les gnostiques, il chercha à simplifier les formes du culte catholique et permettait aux catéchumènes (catechumeni), de participer aux mystères sacrés avec les initiés (etecti). L’Église catholique, d’après lui, était déjà retombée dans le judaïsme[1]. Cependant au moment de sa mort, il manifesta, dit-on, le désir de rentrer dans le sein de l’Église, ce qu’il ne put obtenir. Les disciples les plus importants de Marcion sont Marc et Apelles, qui remplirent les lacunes de son système par des propositions tirées d’autres gnostiques. De là les formes multiples de ce système, dont plusieurs s’étant organisées d’une manière quasi ecclésiastique, durèrent jusqu’au VIe siècle.

Hermogènes, combattu par Tertullien (adversus Hermogenem liber), se rattache aux gnostiques. Partant de la doctrine platonicienne sur la matière (ῡλη) il prétend : Au commencement étaient deux principes, Dieu le principe créateur, actif ; la Matière, le principe concevant, passif. Dieu donna une forme à la matière : celle-ci résista ; cette résistance est la source de tout mal. Hermogènes combat en même temps la doctrine catholique qui fait sortir la création du néant, et le système des émanations gnostiques, comme renfermant des idées indignes de Dieu. (Conf. Bœhmer, Hermogenes Africanus. Sundiæ, 1832.)

  1. Hahn, l’Évang. de Marcion et sa forme primitive. Leipzig, 1824. Thilo, Codex apocryphus Nov. Test. Lipsiæ, 1832, t. I, p. 403-86 ; Id. de Canone Marcion. Ibid. 1824 ; id. de Gnosi Marcion, antinomi. Regiom., 1820.