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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/259

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gradée, furent dispersés. Manès paraît s’être attaché à ce mouvement religieux. Cependant, poursuivant sa propre voie, il crut trouver de l’affinité entre la religion persane et le Christianisme gnostique (de Basilide), le bouddhisme et le culte de Mithra, et il conçut la pensée hardie de faire de la religion populaire une religion universelle. Cette ambition lui suscita des haines et des persécutions de la part des mages, des rois persans et des chrétiens, auxquels il se donnait pour le Paraclet promis. Il finit par mourir dans les tortures, sous Baharam, qui, après l’avoir fait comparaître dans une discussion publique, le condamna comme corrupteur de la religion [vers 277].

Manès admet deux êtres éternels, la lumière et les ténèbres, et formule ainsi, d’une manière positive et toute différente des gnostiques, le dualisme persan.

Les deux principes se manifestent par des générations successives, dans des sphères diverses, qui ont chacune leur maître. Le bon principe (correspondant à l’Ormuzd persan) remplit toutes choses de sa lumière, comme le soleil dans le système planétaire. Le mauvais principe (l’Arihman persan) n’est que matière, ténèbres et perversité. Existant de toute éternité, les deux royaumes de la lumière et des ténèbres sont dans une guerre perpétuelle. Pour combattre les puissances ténébreuses, le bon principe forma, de son propre être, l’homme primitif qui, comme le Logos de Philon, est à la fois l’âme du monde et la source de toute vie (ψυχή ἁπάντων, μήτηρ τῆς ζωῆς.).

Dans la lutte que l’homme primitif, uni aux cinq éléments les plus purs (lumière, feu, air, eau, terre), soutint contre les ténèbres, les puissances démoniaques lui enlevèrent une partie de la lumière, et l’auraient même complétement subjugé si le bon principe, invoqué durant le combat, n’eût envoyé une émanation nouvelle de sa puissance, l’esprit vivant (ζῶν πνεῦμα, spiritus potens). Celui-ci, mêlant à la matière le rayon lumineux dérobé à sa source, forma le monde visible, dans lequel chaque existence a un rang proportionné aux éléments qui prédominent en elle ; il plaça au haut du ciel les parties les plus nobles de l’homme primitif, comme soleil et comme lune ; fixa le corps des démons, dérobés aux parties lumineuses, comme étoiles au