Aller au contenu

Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/292

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

publics de l’Église. Ardent encore du feu de la jeunesse sous les glaces de l’âge, il publia ses ouvrages les plus irréprochables et les plus importants, l’incomparable Réfutation de Celse, le Commentaire sur saint Matthieu et les Petits Prophètes. Sous Dèce il conquit, comme il l’avait désiré toute sa vie, la renommée d’un vaillant confesseur de Jésus-Christ, et mourut à Tyr [254], à l’âge de soixante-neuf ans, par suite des mauvais traitements qu’il avait soufferts. Son siècle l’entoura constamment d’amour et de vénération, malgré la hardiesse de quelques-unes de ses paroles qui déjà avaient réveillé l’attention[1] ; et les beaux surnoms de Ảδαμάντιος et de Χαλϰέντερος prouvent l’estime que ses contemporains conçurent de l’éclat de son esprit, de la pureté de son âme et de sa persévérante activité.

Si Clément, en cherchant à assimiler la philosophie païenne à l’Évangile, se montra favorable à une sorte d’éclectisme, Origène et d’autres Alexandrins cherchèrent surtout à identifier la doctrine de Platon avec le Christianisme. Ce platonisme des Pères de l’Église, qu’on a exagéré, ce dont Petau lui-même semble en partie être cause[2], tendait surtout à démontrer l’accord de certains dogmes chrétiens avec les principes les plus purs et les plus intelligibles de la philosophie platonicienne, à se servir des uns pour exposer les autres, et à faciliter ainsi aux esprits méditatifs le passage du paganisme à l’Évangile. Mais, bien loin de poser le système platonique comme la norme de la vérité, et d’avoir voulu modeler le Christianisme d’après elle, la plupart des savants théologiens de cet âge regardèrent le Christianisme comme une doctrine divinement

  1. Sur les vertus et qualités d’Orig. Cf. Mosheim. Comment. de reb. christ., etc., p. 605 sq.
  2. Petav. de Trinit. I, 3. Nunc illud ipsum — expendamus — quemadmodum Platonis in christianam religionem commentum de Trinitate paulatim ab iis introductum sit, qui ex illius secta, institutioneque transierunt ad Christi professionem, vel utcunque doctrina ipsius afflatti excultique sunt, etc. (Theolog. dogm., t. II, p. 19 sq.). Puis parut (Souverain) le Platonisme dévoilé. Cologne, 1700. Mosheim parle comme médiateur de turbata per recent. Platon. eccles. Helmest., 1725. Baltus parle hardiment contre Platon. Défense des SS. Pères accusés de platonicisme. Paris, 1711.