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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/357

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Quoique élevé dans le paganisme, Constantin avait reçu bien des impressions favorables au Christianisme, d’une mère chrétienne et pieuse, et même de son père, encore païen. À la cour de Nicomédie il avait appris à connaître, il avait eu l’occasion d’admirer ce que le Christianisme inspire de sentiments à la fois nobles, tendres et héroïques. Il montra ses dispositions favorables à l’Évangile dès le temps de son gouvernement des Gaules, et le signe miraculeux que le Seigneur fit briller dans le ciel, en sa faveur, le rapprocha bien davantage encore du Christianisme.

Dans sa reconnaissance et sa joie, le vainqueur de Maxence promulgua à Milan, en 313, de concert avec Licinius, un édit universel de tolérance en faveur du Christianisme. Rapportant au Dieu des chrétiens la gloire d’un succès si disputé et si éclatant, il ordonna que la statue érigée par les citoyens de Rome sur le Forum en l’honneur du vainqueur de Maxence portât dans sa droite, non le sceptre impérial, mais la croix victorieuse, et qu’on inscrivit sur le piédestal : C’est par ce signe salutaire, symbole de la vraie foi, que j’ai délivré Rome du joug des tyrans et rendu au sénat et au peuple romain son antique splendeur[1]. En signant l’édit de tolérance, Constantin ne se doutait point encore qu’il décrétait par là même la victoire complète et l’absolue domination du Christianisme. Il semblait même penser que, comme dans les premiers temps du règne de Dioclétien, le paganisme et le Christianisme pourraient subsister paisiblement l’un à côté de l’autre. Cette ignorance des vrais rapports du paganisme et de la religion chrétienne fut, dans le fait, favorable à cette dernière ; car elle empêcha Constantin d’agir d’une manière brusque, prématurée, et par là même funeste au développement naturel et progressif des choses. D’ailleurs, jusqu’alors persécuté de la manière la plus sanglante, le Christianisme n’avait besoin que de la tolérance d’un empereur équitable, défendant toute perturbation du culte divin, pour pénétrer bientôt dans toutes les relations de la vie, parvenir au trône et en devenir le plus ferme appui. C’est ainsi que peuvent s’expliquer diverses actions de Constantin. Fidèle

  1. Euseb. Vita Const. Max. I, 40. Cf. Hist. ecclesiast., IX, 9.