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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/374

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si tous les grands, et les magistrats, et les jeunes, et les vieux, tout sexe et tout âge, tous ceux qu’interpelle Jean-Baptiste, écoutaient et accomplissaient la doctrine du Christ, un peuple ainsi disposé aurait pour partage, à la fois, le bonheur sur la terre et la félicité éternelle. » — « Dieu, dit encore saint Augustin, constatant les vertus civiques des anciens Romains dans leur rapport avec le Christianisme[1], Dieu montra par la prospérité de Rome ce que valent les vertus civiques, même sans la vraie religion, afin d’apprendre aux hommes que, si la vraie religion s’ajoute à leur mérite naturel, ils peuvent devenir les citoyens d’une cité où règne la vérité, où préside la charité, où dure l’éternité. »

Salvien, prêtre gaulois [† 484], composa dans les mêmes vues une apologie du Christianisme[2] ; il y montre que les effroyables malheurs de l’empire romain, envahi par les Barbares, sont, non un effet de la propagation du Christianisme, mais une conséquence nécessaire des justes jugements de Dieu.

§ 104. — Obstacles que rencontre la propagation du Christianisme.

La rapide propagation du Christianisme dans l’empire romain fut arrêtée non-seulement par la polémique des philosophes et des rhéteurs, mais encore par les changements mêmes qui s’introduisirent dans la vie de beaucoup de chrétiens. Attirés par les priviléges accordés au Christianisme,

  1. August. epist. ad Marcellin. 158, n. 17 : « Qui vitiis impunitis volunt stare rempublicam, quam primi Romani constituerunt auxeruntque virtutibus,, etsi non habentes veram pietatem erga Deum verum, quæ illos etiam in æternam civitatem posset salubri religione perducere ; custodientes tamen quamdam sui generis probitatem, quæ posset terrenæ civitati constituendæ, augendæ conservandæque sufficere. Deus enim sic ostendit in opulentissimo et præclaro imperio Romanorum quantum valerent civiles, etiam sine vera religione, virtutes ut intelligeretur hac addita fieri homines cives alterius civitatis, cujus rex veritas, cujus lex caritas, cujus modus æternitas. » (Ed. Bened. t. II.)
  2. Salvian. Massil. [ann. 440] de Gubernat. Eccles. (Opp. ed. Baluz, Paris., 1684, in-8 ; Max. Biblioth. t. VIII.)