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AMÉLIE
OU
LES ÉCARTS DE MA JEUNESSE
’avais juré de laisser à jamais étendu
sur ma vie passée le voile que mes mains
y avaient si soigneusement jeté ; et
tranquille au sein de l’abondance, je
devais même appréhender de le soulever.
Pourquoi faut-il qu’un sentiment
que je ne puis vaincre, celui de l’amitié,
m’oblige de publier ce que je voudrais me taire
à moi-même ? N’importe, j’ai promis : si je
manquais à ma parole, ce serait un tort de plus à
ajouter aux faiblesses que je dois me reprocher.
Je suis fille unique d’un fermier du Soissonnais : ma mère mourut fort jeune, et j’étais encore au berceau quand je la perdis. Mon père,