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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

la tête couverte du capuchon, les bras croisés sur la poitrine et les mains dans les manches de son froc…

Voilà dans ses traits généraux la vallée du Mont-Dore, le village des Bains et la région dont la vallée occupe le centre.

Le baron du Vergier habitait avec sa femme et son fils à l’Hôtel de la Poste. Prévenu par lettre, il était venu, accompagné de son fils, attendre la baronne à la descente de voiture.

Après les premières communications sur l’objet du voyage entrepris par sa femme — c’était, comme on le sait, la poursuite de recherches relatives à l’enfant disparue — le baron s’aperçut avec stupéfaction que sa femme ne rapportait pas son sac de voyage.

— C’était donc vrai, s’écria-t-il, ce que les journaux ont publié ? ce crime en wagon ? La baronne D. V., c’était donc vous, chère amie ?

— C’était moi, dit madame du Vergier. Je l’ai nié, dans mes lettres, pour ne pas vous alarmer. Mais l’histoire est longue ; je vous la raconterai quand vous aurez fait un meilleur accueil au jeune garçon que je vous présente.

— Quel garçon ? demanda son mari, — qui vit, alors seulement, le petit Parisien, se dérobant timidement derrière la baronne. — Ce petit ?

— Je me suis chargée de le garder une quinzaine de jours ; c’est un acte d’obligeance qui vous coûtera peu à remplir — comme à moi, — lorsque vous connaîtrez l’histoire de cet enfant.

— Vous avez toujours la main heureuse, madame, lorsque vous exercez la bienfaisance. Il suffit que vous ayez jugé ce jeune garçon digne de votre intérêt ; je n’ai plus qu’à vous seconder.

Le baron était un homme de quarante et quelques années, prématurément vieilli par le deuil qui avait frappé sa famille… De taille moyenne, de forte complexion, sa personne présentait des dehors avantageux. Toujours correctement rasé, il gardait sa moustache blonde ; ses cheveux, rares, dégarnissaient le haut du front, ajoutant de la gravité à une physionomie intelligente, animée par des yeux gris de beaucoup de finesse d’expression. Il se piquait d’une excessive politesse vis-à-vis de sa femme et, ce qui ne gâte rien chez un homme qui possède trente mille bonne livres de rente, il avait des goûts distingués et un esprit cultivé. Il jouissait de quelque autorité comme archéologue, et l’Académie de Caen s’honorait de le compter au nombre de ses membres les plus actifs.

Son fils Maurice, aimable garçon de quinze à seize ans, avait la finesse de traits et la santé un peu délicate de sa mère. Ainsi la mère et le fils venaient