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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/122

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Clermont-Ferrand que la petite du Vergier lui avait été enlevée, lors d’un premier voyage fait aux sources du Mont-Dore.

Quant au baron, échappant au régime des eaux, il consacrait tout son temps en tournées savantes dans le département où il trouvait dans les dolmens, les tumuli, les colonnes miliaires, les vieilles églises romanes, les ruines des châteaux féodaux, d’inépuisables sujets d’étude.

On prit le chemin de l’Hôtel de la Poste.

Sans en demander plus long, le baron fit quelques amitiés à Jean. Il le questionna sur son nom, sur ses années d’école, sur l’état qu’il comptait apprendre. Quand il sut que Jean était Parisien par la famille de sa mère et Alsacien-Lorrain par son père, le baron s’intéressa tout de suite à lui. Il lui trouva l’air honnête et intelligent, et aussi une certaine fermeté de jugement, appréciable dans les moindres réponses du jeune garçon. Sans hésitation, le baron du Vergier le confia à son fils, comme à un camarade devant avoir sur lui l’ascendant de ses trois ou quatre années et d’une éducation achevée.

La baronne raconta à son mari comment elle avait découvert l’auteur de l’attentat dont elle avait failli être victime. C’était, dit-elle, par un bien singulier hasard, et grâce à l’intervention inconsciente de Jean.

— Et vous ne l’avez pas fait arrêter ! s’écria M. du Vergier, devenant rouge et se tordant les moustaches à les arracher. C’est inconcevable !

— Je ne l’ai pas fait arrêter, non, repartit la baronne, et cependant je rentrerai en possession de mon sac de voyage… J’en suis certaine.

— La chose me semble moins assurée, observa le baron. Mais pourquoi vous blâmerais-je, lorsque je dois être tout au bonheur de vous revoir saine et sauve !

Madame du Vergier garda le silence sur la parenté de Jacob Risler avec Jean. Pour éviter de la laisser soupçonner à son mari, elle ne dit aucun nom et se borna à qualifier d’Allemand le détenteur du sac de voyage.

— Ah ! si c’est un Allemand, lui dit le baron, vous avez bien fait de simplifier la procédure… Il suffit, en effet, que votre sac vous soit rendu. Vous y tenez beaucoup…

— Vous savez quels souvenirs, précieux pour nous, il renferme.

L’entretien s’attrista.

Pendant ce temps, Jean, dont l’installation à l’hôtel n’avait pas causé un grand dérangement, entraînait son nouvel ami dans les rues du village, poussé par sa curiosité naturelle et ses habitudes de flânerie parisienne.