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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Jean apercevait à ses pieds la ville entière, son port, ses bassins, la jetée, les faubourgs ; à gauche la Seine remplissait un estuaire immense, avant de se jeter dans la mer ; à droite le cap de la Hève ; devant lui, la plage, la mer sillonnée de nombreux navires garnis de feux pour éviter les abordages. Ce panorama, il l’avait tous les jours devant les yeux, mais ce soir-là, le petit Parisien fut étrangement impressionné. La ville et ses bassins illuminés présentaient un spectacle féerique. Les deux phares de la Hève jetaient au loin sur les flots les faisceaux de rayons de leurs foyers électriques ; le phare d’Honfleur tremblait dans la végétation sombre de la côte de Grâce, comme un ver luisant ; le feu de Fatouville faisait jouer ses lueurs alternativement carminées et blanc d’argent ; les fanaux réglementaires des steamers, — verts, rouges, blancs, — couraient çà et là comme d’autres lucioles ; enfin, la mer donnait, elle aussi, sa note dans ce concert lumineux en laissant bouillonner une écume phosphorescente sous l’étrave des grands navires, dont le gouvernail traçait un sillage de paillettes de feu.

Jean, pour mieux voir, avait monté l’escalier extérieur, conduisant à la chambre qu’il occupait ; et il regardait, appuyé à la balustrade de bois… Tout à coup, il fit un mouvement et se frappa le front :

— Enfin, murmura-t-il, j’ai trouvé !