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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

— J’ai la tête si pleine de mon Allemand, répondit le petit Parisien, que je crois le voir partout.

— Mais puisqu’il est à l’Asile !

— C’est vrai… enfin, c’est comme ça !

— Est-ce qu’on me laissera entrer à l’Asile ? demanda le petit mousse.

— Je voudrais bien voir… du moment que tu es avec moi, dit Jean en cherchant à se grandir.

On les fit entrer dans un parloir pour attendre que le directeur fût visible. Au bout d’un quart d’heure, les deux jeunes garçons perçurent une rumeur qui allait grandissant dans les couloirs, dans les jardins… Qu’était-ce donc ? Qu’était-il arrivé ? On eût dit que le feu se déclarait dans l’asile des aliénés. Un gardien passant près de la porte ouverte du parloir, leur dit :

— Il s’est ensauvé !

— Qui donc ? demanda Jean.

— L’Allemand… On ne le trouve nulle part. Il yen a comme ça qui se cachent… Lui, aura passé par-dessus les murs.

Jean n’écoutait plus : il était sûr maintenant d’avoir rencontré Hans Meister au croisement de la route de Petit-Couronne.

— Viens vite, cria-t-il à Barbillon.

Et tous deux courant follement s’échappèrent de l’asile de la folie.

— Il me faut mon Allemand ! criait Jean. Je le rattraperai !… dussé-je traverser la Seine à la nage pour le happer aux oreilles comme un sanglier.

— Comme tu y vas ! murmura Barbillon déjà tout essoufflé. C’est que je ne sais pas nager, moi ! Et puis que dira ma tante ?

— Je te ramènerai à elle pétri « de bonnes manières », répliqua Jean, bien que dans la circonstance il n’eût pas envie de rire de la dame Pelloquet, ni de personne. — Viens toujours !