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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Jean posa sa main sur son estomac, où le pied de l’Allemand avait laissé une douleur sourde.

— Toi, c’est à la caillette qu’on t’a campé un atout…

» Oh ! comme je vas verbaliser, annuit !

— Si nous avions un peu d’eau pour boire ? dit Jean.

— Pour me laver la figure ? ajouta Barbillon.

— Y a ben la mare de l’iau nette, près de la bijude[1] au cantonnier, mais c’est quasiment à un quart de lieue. Faut dévaler au Bec ou au Bec : je m’entends ben : au riolet ou au village.

— Mais je ne peux pas faire un pas, dit Barbillon en gémissant.

— Alors, je vas quéri de l’iau, dit obligeamment le brave Pitoiset.

— Non, non, restez ! s’écria Barbillon. L’autre n’aurait qu’à revenir avec son bâton.

— Nous disons donc un bâton ? une trique quoi ! c’est pour mon procès-verbal. Ephrem, le ptiot à la mère Crétu m’écrira ça. Une trique… Apreux ?

— Après, fit Barbillon, je sens que je m’en vais faute de secours.

Et il se laissa tomber, plutôt qu’il ne s’assit sur une grosse pierre moussue.

— Je vais aller en courant jusqu’au village, dit Jean.

En ce moment le roulement d’une voiture légère attira l’attention de tous.

— C’est le cabriolet au docteur Ducosté, dit le garde-champêtre. C’est comme si que t’étions guari mon p’tiot.



  1. Masure de paille à murs d’argile.