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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

taires reprenaient de plus belle entre les trois Anglais qui se montraient la place occupée naguère sur ces hauteurs par les canons Krupp du siège…

Jean reçut toutes sortes de politesses de la part du baronnet et des siens.

Eux partis, ce fut le tour de Bordelais la Rose. Sac et giberne ! il n’y avait pas de rhumatismes qui tinssent quand il s’agissait de voir l’Exposition universelle de Paris et par surcroît son cher petit Jean !

Au milieu de cette fièvre générale d’exhibition, Jean n’avait pas osé montrer ni à ses amis de Caen, ni à ses amis de Londres, l’oncle Blaisot. Il se hasarda à lui présenter l’ex-zouave, espérant que celui-ci prendrait pour un enthousiasme de bon aloi les exagérations de langage dans lesquelles tombait l’ébéniste, à propos de l’Exposition, lorsqu’il avait bu, — et c’était souvent. Il parut à Jean que son ami Bordelais la Rose se faisait une médiocre idée de l’oncle Blaisot…

L’ancien compagnon du Devoir, l’ex-zouave, avait horreur des excès qui dégradent l’ouvrier. Sans ménagement pour la susceptibilité de l’ébéniste, à ses amplifications banales, il répondait :

— Oui, c’est très beau Paris, c’est très beau l’Exposition, — la glorification du travail, comme vous dites, mon vieux. Le pont de la Concorde est fait avec les pierres de la Bastille… Grâce à l’égalité des droits civiques conquise, la dignité pour tous… C’est encore plus beau. Mais, sac et giberne ! c’est à l’heure de son avènement que le peuple abdique !… Vive la France !… et à bas les alcoolisés ! — Allons boire un coup tout de même, ajoutait l’ex-zouave en voyant une stupéfaction douloureuse empreinte sur le visage de l’oncle Blaisot.

Mais Jean comprenait, et il en aimait davantage Bordelais la Rose.