Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/388

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
380
LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

— Qui dit la vérité, riposta le Flamand, nulle part n’est hébergé.

Le point de vue se trouvait sur la haute terrasse, emplacement de l’ancien Castellum romain qui a donné son nom à Cassel ; au Castellum succéda une forteresse féodale. Quentin, muni d’une courte mais excellente lunette, conduisit tout de suite Jean de ce côté.

Bien que la terrasse de Cassel ne soit qu’à cent cinquante-sept mètres au-dessus du niveau de la mer, grâce au pays plat qui s’étend à de grandes distances autour de la ville, nos deux jeunes touristes promenèrent leur lunette sur des horizons sans limites. Le temps était clair, et Quentin put compter et désigner à son ami une trentaine de villes et une centaine de villages, soit en France soit en Belgique, sans compter les phares, la tour de Dunkerque, etc. Les dunes du littoral laissaient voir çà et là, à travers leurs brèches, les eaux bleues de la mer du Nord. Quentin jura par saint Bavon qu’à certains jours on apercevait, du point où ils se trouvaient, la rade de Douvres et les clochers de Bruges.

Au milieu de la plaine immense, Cassel et sa colline formaient une véritable oasis, un coin de terre privilégié. Non seulement le panorama se déroulait splendide, mais un air vivifiant et embaumé montait des nids de verdure des alentours, et des frais pâturages bordés de grands arbres. Dans cette plaine, des fermes riantes et de jolis villages aux maisonnettes de brique se détachaient nettement sur le fond sombre de la verdure ; on eut dit un immense jardin anglais tracé avec une confusion volontaire. Mais dans ce dédale sillonné de chemins et d’allées, se détachaient quatre longues avenues droites, se perdant à l’horizon. C’étaient des voies romaines devenues successivement routes royales, impériales, nationales, aboutissant à Saint-Omer, à Dunkerque ; se dirigeant vers Lille ou vers la Belgique.

Quand ils eurent amplement tout regardé, Quentin avoua qu’il n’était que temps de se rendre chez les Sockeel.

Il y songeait maintenant : on comparerait leur arrivée avec le passage des trains… Holà ! mon oncle ne dira rien, mais c’est ma tante qui ne sera pas contente !

Alors ils tournèrent leurs regards vers la ville. Cassel, petite ville de 4,300 habitants est la cité flamande dans tout son éclat, — un éclat relevé par une propreté extrême. Les rues larges sont garnies de maisons à un étage.

Quentin entraînait son camarade vers la grande place, où logeaient ses parents, tout en face de l’auberge renommé du « Sauvage ». Là se trouvait