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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/468

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

et ornées de beaux édifices et d’hôtels particuliers : l’église Saint-Remi, la plus ancienne de Reims, le palais archiépiscopal, l’hôtel de ville, un des plus magnifiques édifices du genre, l’hôtel de Joyeuse, l’hôtel de Chevreuse, la maison des Musiciens, l’hôtellerie de « l’Âne Rayé» contiguë à la maison Rouge. Sur la façade de cette dernière maison, ils purent lire : « L’an 1429, au sacre de Charles VII, dans cette hôtellerie nommée alors l’Âne rayé, le père et la mère de Jeanne Darc ont été logés et défrayés par le conseil de la ville» ; et de même, sur la maison dite le « Long-Vêtu, » rue de Cérès : « Jean-Baptiste Côlbert, ministre d’État sous Louis XIV, est né dans cette maison le 29 août 1619 ». Sur la place Drouet d’Erlon, belle avenue plantée d’arbres, ils virent la statue en bronze du maréchal de ce nom. Un omnibus les ramena à la gare par la rue Thiers.

À midi et demi un train les emportait vers le nord-est, vers la Belgique.

— Mais où allons-nous donc ? demanda Jean. Et, se rappelant son entretien avec son ami, il pensait au champ de bataille de Waterloo, — mais sans oser le dire.

— Où nous allons ? fit Modeste Vidal. Il me semble que nous traversons un plateau peu fertile et passablement monotone de la Champagne.

» Faut-il mettre les points sur les i ? Nous sommes sur la limite de la Champagne pouilleuse ; nous laissons à notre droite l’embranchement pour Mourmelon… Tiens ! te voilà renseigné : écoute, on crie Bazencourt !… Maintenant nous traversons la Suippe. Voilà un village ; on doit y exploiter la craie à en juger par l’état des environs. Bon ! nous entrons dans un tunnel. Il n’est pas trop long… Nous franchissons le canal des Ardennes et du même coup l’Aisne. Quelle est cette petite ville sur le versant d’une colline ? On dirait que…

— C’est Rethel, dit une bonne femme de la campagne, pensant venir au secours du voyageur.

— Ah ! merci ! Nous disons Rethel. Je croyais que c’était une ville fortifiée Rethel ? Elle a dû l’être… Il me semble aussi que sous ses murs, Turenne et les Espagnols ont été défaits par les troupes de Mazarin ?

— Sais point ! fit la bonne femme devenue très attentive.

— Je me suis laissé dire, reprit l’artiste facétieux, que quelques années plus tard les Espagnols ayant réussi à s’emparer de Rethel, Turenne, redevenu fidèle à la bonne cause, les en chassa à la grande satisfaction de Mazarin.

— Maza… Mathu… C’est i pas ou n’oum qu’avo deu s’afan et que l’pe jaun d’sé deu s’afan s’a né allé din in paï étranger, où y guernouia tou s’bin ?