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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/706

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

grande encore de voir de ses propres yeux cette usine de premier ordre qui emploie plus de treize mille ouvriers.

Autun, l’ancienne Bibracte des Gaulois, cité riche en monuments de l’époque romaine se trouva peu après le long de la voie ferrée, sur une colline dont l’Arroux baigne la base.

— Pas de bon vin ici ? demanda sir William. Cette question s’adressait à tous les voyageurs du compartiment. Personne ne répondit.

Chagny apparut avec sa seule tour, débris d’un ancien château fort, l’Anglais interrogea du regard : chacun comprit sa préoccupation de gastronome.

Mais à la station de Meursault, une manière de jeune avocat, bien rose et bien rasé, annonça que la localité donnait des vins blancs supérieurs. Un peu plus, à ce nom de Meursault qu’il connaissait bien, pour l’avoir vu souvent figurer sur les cartes de menus distingués, le baronnet sautait par la portière, tant il reçut l’information malicieuse avec agitation.

— Mais nous allons en rencontrer partout maintenant des vignobles fameux ! s’écria Maurice. Nous sommes à quelques kilomètres de Beaune, dont le territoire produit plus de bon vin en un an, que vous n’en pourriez boire en dix mille ans, sir.

— Hurrah ! Ooh ! ého ! hip ! s’émerveilla l’Anglais dans un franc enthousiasme, très réjouissant à contempler.

On touchait à Beaune, situé au pied de la Côte d’Or. Le baronnet eut un moment d’hésitation, se montrant prêt à ne pas aller plus loin. Cela devenait amusant.

— Sir, tous les vins de la Bourgogne se trouvent à Dijon, assura Maurice.

Ces mots calmèrent un peu l’Anglais ; mais après Beaune, se présenta Nuits, et la tentation allait recommencer.

— Vignobles renommés, fit le jeune homme bien rasé, assumant le rôle de tentateur ; entre autres, le clos de Saint-Georges.

— Oh ! yes ! fit l’Anglais chez qui se réveillait des souvenirs du palais. Et il fit claquer sa langue en dégustateur capable.

— Ici, dit à demi-voix Maurice à Jean d’un accent grave qui contrastait avec l’agitation comique de l’insulaire, le 18 décembre 1870 a eu lieu un terrible combat : les Allemands ont acheté chèrement les avantages de la journée ! Les troupes de Werder perdirent six mille hommes, tués ou blessés ; tandis que de notre côté les pertes de la division Cremer furent moindres de moitié.