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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/744

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XVIII

Le guet-apens.

Méloir fêté, cajolé, abreuvé avant son départ, garda le silence sur la présence de Jacob Risler et de l’Allemand à Annecy ; mais il fut plus d’une fois vivement intrigué, les jours d’après, en constatant furtivement à diverses reprises que l’Anglais et ses jeunes maîtres étaient suivis par les deux hommes, d’Annecy à Belleville, de Belleville à Sallanches, de Sallanches aux Ouches et des Ouches à Chamonix.

Dans cette dernière localité, il parut au Breton que Jacob et son compagnon les épiaient tout en se cachant. Au milieu des excursions que l’on faisait journellement dans la vallée ou sur les pentes qui l’enferment, au Brévent, à l’Aiguillette, à la Montagne de fer, Méloir, jetant des regards inquiets en arrière, avait aperçu plusieurs fois les deux hommes aux allures mystérieuses. L’Allemand semblait diriger Risler, le conseiller, autant que Méloir en pouvait juger, car ils ne se montraient guère.

Ils devaient loger à Chamonix ou dans un des nombreux hameaux du voisinage. Fallait-il parler d’eux au neveu malgré la défense de l’oncle ? se demandait le Breton. Quel danger, après tout, pouvait-il y avoir ? À eux quatre n’étaient-ils pas de force à faire face à ces deux gaillards-là, à supposer qu’ils eussent quelque envie de les molester ?

Comme Méloir avait promis le verre en main, il se crut engagé et ne souffla mot de ce qui s’était passé à Annecy, et pas davantage des craintes plus ou moins fondées conçues depuis. Au surplus, dans les dernières excursions le Breton n’avait plus rien observé de suspect et se tranquillisait.

La vallée de Chamonix conserve son aspect riant jusqu’aux premiers jours