effect.…. et me ferez plaisir très grant, tel
que plus ne pourriez, lequel je recongnoistré
quant d’aucune chose me voudrez requérir. » Les
ordres du monarque étaient bien précis, sans doute,
et quoi de plus pressant que ces prières du prince
gouverneur ! Mais, pour qui connaîtra les mœurs de
ces temps-là, pour qui saura ce que c’était, alors, que
l’esprit de corps, et quelle était l’attitude respective
des compagnies puissantes entre lesquelles se partageait
l’autorité dans nos grandes cités au moyen-âge,
il sera facile d’imaginer l’embarras des officiers du
roi, des échevins et des conseillers de ville, en se
voyant chargés d’une semblable mission. Eux laïques,
eux profanes, aller parler élection à un chapitre puissant,
jaloux à l’excès de son pouvoir, de ses prérogatives
et de sa liberté ! Allez lui désigner, même au
nom du roi, un prélat à élire ! Une journée entière,
ils avaient délibéré à l’Hôtel-de-Ville, sans pouvoir
s’y résoudre : en parler, seulement, leur semblait une
entreprise. « On va s’estonner (disait un d’entr’eux, et
c’était l’avocat du roi lui-même, Jacques Le Lieur),
on va s’estonner que nous parlions de ceste matière
en l’ostel de la ville ; mais puisque le roi en escript,
il nous fault bien en communiquer ensemble, et
savoir le vouloir de Sa Majesté. Semons donc et
respandons les paroles contenues aux lettres que
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