Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/108

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tienne, toute vouée au culte de ses pères, toute attentive à ce que fait l’église, une seule pensée absorbe en ce moment tous les esprits : l’élection d’un archevêque. Pour ces hommes de foi, la mort d’un saint évêque est une calamité publique ; à leurs yeux la vacance du siège est un état de tristesse et de veuvage pour leur église ; l’annonce de l’élection d’un pontife les a fait tressaillir. Aussi, le 21 août, jour fixé pour l’élection, lorsque, dès trois heures du matin, les dix cloches de la tour de l’Aiguille, sonnant l’émeute, appellent les chanoines aux matines, voyez comme, de toutes parts, chez les nobles, chez les bourgeois, parmi le peuple, on s’éveille, on se lève, on s’empresse, on assiège la Cathédrale et ses parvis ! Toutes les nefs sont bientôt envahies, tant cette multitude craindrait de rien perdre de ce qu’il lui sera possible de voir de l’imposante solennité du jour !

Au chœur est chantée, en grande pompe, une messe solennelle du Saint-Esprit, en présence de quarante-trois chanoines, dont trente-sept ont, dès l’aurore, célébré eux-mêmes les saints mystères ; on voit les six autres, qui ne sont pas encore prêtres, s’approcher de l’autel dans un saint recueillement, et recevoir ce pain sacré qu’ils n’ont pas le pouvoir de rompre aux fidèles. Cependant, la cloche capitulaire s’étant fait entendre, les chanoines, la croix en tête, se rendent au