Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/230

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dirais plus rien une autre fois. » Empressé, obséquieux et rampant devant messieurs de la Cour ; mais, avec tous autres, rogue, hautain, absolu ; par-dessus tout cela, ennemi né et irréconciliable de tout ce qui aimait à sauter, à jouer, à folâtrer et à rire, de tout ce qui ne lui prodiguait point les grands respects, et l’appelait Chouquet tout court ; ayant d’ailleurs ses courtisans, ses flatteurs parmi tous ces oisifs qui environnaient le Parlement, et suivaient ses audiences. C’est qu’aussi un concierge de Parlement avait tant d’autorité ! Vouliez-vous bien voir la messe-rouge de la Saint-Martin ? Vouliez-vous, le jour de l’Ascension, assister au jugement du prisonnier ? Étiez-vous avide, d’entendre Lally-Tollendal, Duval d’Eprémesnil, Thouret, Tronson-Ducoudray ? Vouliez-vous, même, quelquefois, vous passer la fantaisie de voir un grand criminel à la question ? Chouquet était tout puissant dans ces rencontres. Aussi, alors, était-ce : « Monsieur Chouquet, comment vous va-t-il ? comment se porte madame ? Que pensez-vous du dernier édit ? » Et les grands saluts et les poignées de main ; Monsieur Chouquet, enfin, gros comme le bras. Le croiriez-vous toutefois ? c’était à un homme de cette importance que des étourdis de clercs osaient bien s’en prendre, lui faisant des mines, lui tirant la langue, lui adressant de terribles et profondes révérences, dont, à toute