peut-être, qu’aucun de ceux qui s’étaient assis avant
lui dans la chaire épiscopale d’Orléans. Jamais, à
aucune époque, tant de prisonniers n’avaient été graciés
en un jour ; jamais foule plus innombrable n’était
accourue à Orléans pour repaître ses yeux de ces
pompes qui l’enivraient. Santeuil, lui aussi, était là
dans le cortège du prélat, son ami ; il vit tous ces fers
qui tombaient à la voix d’un évêque ; émerveillé d’un
si grand pouvoir, inspiré par ce spectacle imposant
et nouveau pour lui, il saisit sa lyre ; ses yeux lançaient
des éclairs ; on fit silence, et le Vates, le barde
sacré de nos vieilles métropoles, fit entendre des vers
dignes de lui, dignes d’une solennité si touchante, des
vers de triomphe, tels qu’ils convenaient à cette joyeuse
entrée épiscopale, qui, elle aussi, semblait un
triomphe.
Jamais les archevêques de Rouen ne jouirent d’une si haute prérogative ; et on ne voit pas, dans nos histoires, qu’ils aient exercé, autrefois, quelque privilège qui en approchât, même de loin. Membre né du chapitre de sa métropole, l’archevêque de Rouen, au grand jour de l’Ascension, venait y prendre séance, comme président, si l’on veut, et dans une haute chaire richement drapée ; mais toujours n’était-il là qu’un chanoine comme les autres. C’était bien à lui de proclamer le nom du meurtrier qui (l’Échiquier y con-