Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/327

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le dirais, qu’avec quelque raison vous feriez difficulté de le croire. Toutes choses, quoi qu’il en soit, devaient désormais tourner à bien pour cette studieuse compagnie que, naguère, on avait voulu empêcher d’être. Elle était consultée souvent et toujours avec fruit. Ainsi, plusieurs de nos édifices publics furent ornés d’inscriptions qu’on lui avait demandées ; seulement ces inscriptions étaient en langue latine ; ce qui, déplaisant outre mesure à MM. de la Bourse découverte, leur avait été une favorable occasion de fronder et gémir sur nouveaux frais. Tant, néanmoins, qu’ils n’en virent mettre qu’au grand Jardin de Botanique et même à la Douane (quoique déjà si proche d’eux), ils avaient paru prendre patience, non, cependant, sans murmurer quelquefois. Mais, un jour, comme ils arrivaient à la Bourse découverte, quel spectacle inopiné s’offrit tout-à-coup à leurs yeux ! Un immense Méridien venait d’y être posé, tout à l’heure, en lieu très apparent, avec une longue inscription (encore en latin, hélas !) qu’ils jugèrent tous cacher un profond mystère. Il faut renoncer à peindre, en une telle rencontre, leur étonnement, leur indignation et leur colère. Ce ne pouvait être (pensèrent-ils unanimement) qu’une noire vengeance de l’Académie, qui, sachant bien qu’ils ne l’avaient jamais aimée, venait les braver, les insulter jusque dans leurs foyers. Au