Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/358

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mettre bas de belles et riches aumusses de petit-gris, que l’évêché de Bayeux leur voulait faire quitter à toute force, comme portées par eux sans titres, par abus et entreprise, nosseigneurs les membres du vénérable chapitre pouvant seuls, dans le diocèse, disait-on, porter aumusses et insignes de chanoines. Nos douze obitiers, de leur côté, tenaient fort à leurs riches fourrures qui, en hiver, les protégeaient contre le froid, et, en toute saison, leur donnaient bonne grâce, comme ils pensaient ; chose que tous mortels ont fort à cœur, aux champs comme à la ville, et en lieu saint, hélas ! non moins parfois qu’en lieu profane.

Gervais Delarue, donc, après l’aventure du pilier, qui fit bruit, s’était vu assailli à la fois par les douze obitiers ensemble, le curé à leur tête, lesquels, les menant bon gré mal gré à leurs archives, l’y enfermèrent à double tour, le conjurant à genoux de tant faire qu’ils pussent garder leurs aumusses, chose pour eux de si grande conséquence et à laquelle ils tenaient tous comme à la prunelle de leurs yeux. Or, la difficulté venait de l’archidiacre Raffin, le liturgiste (ce grand donneur de conseils et juré désabuseur de poètes). Delarue, vraiment, sans en rien dire, n’avait guère la chose moins à cœur que les douze obitiers tous ensemble. Imaginez donc, je vous prie, la joie de tout ce monde, lorsqu’après une grande semaine de