Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/366

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voix Benedictus, que l’orgue triomphait en noëls et fanfares, et que toutes les cloches de la ville de Caen sonnaient à qui mieux mieux. (Car, ç’avait été chose convenue à l’avance entre les onze curés, que si, contre tout espoir, celui de Saint-Pierre parvenait à sauver son étole, une certaine cloche de son église, d’un son perçant, et qu’on entendait de bien loin, serait mise la première en branle ; ce qui étant advenu, commença incontinent dans la ville pour ne finir plus de sitôt, un carillon universel, à incommoder les sourds.) C’était à l’archidiacre Raffin de prendre patience ; ce qu’il faisait en s’inclinant, disant qu’il n’avait été nulle part si bien reçu, qu’on lui rendait trop d’honneur, et qu’il n’en était pas digne. Pensez que le bon homme se serait enfui volontiers. Mais que fut-ce, lorsque, entrant dans la sacristie, il y trouva le triomphant Gervais Delarue, qui, le saluant profondément et lui offrant ses devoirs, lui dit que, suivant son conseil, il avait dans ces derniers temps étudié les antiquités, voire même quelque peu de liturgie, pour en pouvoir deviser au besoin avec lui, sous la cheminée, et être plus en état de recevoir ses leçons ; qu’il les lui demandait instamment comme à celui qui l’avait poussé dans cette carrière, et lui avait révélé sa vocation véritable ; jurant bien d’y demeurer à jamais fidèle et de ne plus faire de vers, en quelque langue