Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/44

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en 1377 ; de Guillaume de Maromme, maire en 1380 ; de Robert Deschamps, maire en exercice. On vit s’écrouler aussi les hôtels de quelques riches bourgeois, de quelques prêtres, dont l’opulence désespérait une populace haineuse et jalouse. Hélas ! les infortunés étaient allés se réfugier, tremblants, dans des cimetières ; et bien leur en avait pris, car le peuple allait s’échauffant toujours davantage, et les bourreaux l’avaient suivi, bras nus, brandissant leurs glaives tranchants et leurs haches aiguisées.

Cependant, le nouveau roi était toujours séant en son trône, et toujours le peuple tenait ses assises. — « Nous allons chercher bien loin nos ennemis, s’écria une voix rauque, et ils sont là, sous nos yeux, qui semblent nous braver. Sire, ces moines orgueilleux de Saint-Ouen, qui veulent, malgré la ville, avoir des hautes-justices et des gibets, le jour n’est-il pas venu d’en avoir raison ? » — « Faites, faites justice », murmura Jehan Le Gras. Mais, vraiment, la populace n’avait pas attendu les ordres de son roi ; les portes du monastère venaient d’être défoncées, les meubles pillés ou brisés. On en voulait surtout à la tour aux archives ; le peuple en eut bientôt fait voler la porte en éclats ; et là furent déchirés avec rage et réduits en cendres, les antiques privilèges accordés, de siècle en siècle, à la royale abbaye, fondée (il y avait huit cents