Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/87

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Jehan Le Tellier et de sa femme, tous gens riches, de bon renom, bien autorisés dans la ville, et dont l’air ne lui pronostiquait rien de bon ; plus, vénérable et discrète personne, M. l’abbé Viote, l’un des grands vicaires de Notre-Dame, grand-oncle d’Alice, homme de caractère, aussi fin qu’aucun de sa robe, et dont le regard perçant, fixé imperturbablement sur Désile, mettait celui-ci mal à l’aise pour la première fois de sa vie. On fait venir Alice ; un peu timide, un peu embarrassée d’abord, mais bientôt enhardie par la présence de tous ces parents, de tous ces amis dévoués, la jeune fille dit, en baissant les yeux, qu’elle n’avoit aucun vouloir de se marier, mais le dit d’un air si renoncé, si détaché des choses de la terre, que le jeune voisin, qui était là, avoua depuis qu’il avait eu peur. Désile ne demanda pas son reste ; il sut bientôt ce qui s’était passé et maugréa de toute son âme. Quelques, heures après, il avait les houseaux à ses jambes et montait à cheval ; le jeune voisin lui tint l’étrier d’un air officieux, le bon traître qu’il était ! Dès le lendemain, le roi lisait une lettre dont dame Estiennotte avait chargé Désile. Ecoutez cette lettre, elle est drôle, et puis il nous en reste si peu des dames de ce temps-là !

« Mon souverain Seigneur, je me recommande à