Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/90

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ses fins, se promit-il in petto de lui donner une Bourguignonne.

Quoi qu’il en soit, à quelques semaines de là, par un beau jour d’été, dans tout le voisinage du marchand Le Tellier, régnait un air de joie, de bonheur et de fête ; hommes, femmes, jeunes, vieux, tout ce qui avait vie était aux portes et aux fenêtres. Dieu sait le bruit que l’on faisait ! mais ce bruit n’avait rien d’hostile et de menaçant. Un cortège nombreux de parents et d’amis, parés de leurs, plus beaux habits, défilait au milieu de ces spectateurs empressés et bienveillants ; tout ce monde revenait de l’église, et le chapeau de roses que portait Alice, sa robe blanche, son bouquet virginal, montraient assez ce qu’on avait pu y faire.

On venait d’adresser à la jeune fille la même question que quelques semaines avant ; mais cette fois elle n’avait point répondu qu’elle n’avoit aucun vouloir de se marier. C’est qu’aussi il ne s’agissait plus de Désile, mais du jeune voisin d’en face, qui, radieux et plein de joie, ne perdait pas de vue sa belle épousée, qu’il suivait de bien près, et ne paraissait guère en peine pour l’heure, je vous assure, des droits sacrés des parents et des libertés de la province. Il fallait voir dame Estiennotte marcher la tête haute, d’un air vainqueur. Il n’y avait pas jusqu’à Jehan Le Tellier, revenu depuis quelque temps du Lendit,