Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/156

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n’etait pas le compte des chanoines députés ; et ils sortirent des prisons, comme la veille, sans avoir rien fait. Mais le lendemain, mercredi des Rogations, ils revinrent avec quelques autres de leurs collègues, et parlèrent en termes impératifs. « Ilz voulloient, dirent-ils, avoir les cléfz ; estoit-on enfin résolu à les leur bailler ? » Le concierge répondit « qu’il seroit très courrouchié (fâché) en son cuer (cœur) que, pour les dictes cléfz, deust venir aucune esclandre ; mais il doubtoit (craignait) de faire préjudice au roy et qu’il n’en feust reprins et aprouchié (cité en justice). Pour oster le dit esclandre, s’ils voulloient, il leur bailleroit les cléfz, en les priant de ne le point dire, et sous le secret de la confession. » En disant ces mots, il donnait ses clès à « maistre Alespée, l’un des chanoines qui les tint ung poy (un peu), » mais les lui rendit aussi-tôt, en disant que « par celle voye (à cette condition) ils ne les prendroient point, se (si) il n’alloit dehors les dictes prisons. » Le geolier leur offrit encore de mettre dehors sa femme, ses enfans et ses gens, et de se laisser lui-même enfermer par eux à la clé, mais dans l’intérieur de la geole. Les chanoines refusèrent et partirent sans avoir vu ni interrogé aucun des prisonniers, quoique le concierge les suppliât « à genoulz » d’accepter les offres qu’il leur avait faites. Le jeudi, jour de l’Ascension, ils revinrent pour la dernière fois, et demandèrent