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Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/179

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renonça pas pour cela à ses poursuites contre un homme qui, non content de lui avoir ravi son honneur, l’avait encore, en présence des magistrats et du public, diffamée et calomniée avec la plus grande lâcheté. Dans le procès criminel qui avait été commencé avant que Lemire obtînt la fierte, et où Jeanne Corvière figurait comme plaintive de viol, et demandait des dommages-intérêts, Lemire avait fait plaider à l’audience de l’échiquier les choses les plus injurieuses pour cette fille. A en croire ses avocats, « elle estoit une femme commune et ribaude ; ung nommé Robin Lejumelin l’avoit maintenue et maintenoit (avait des privautés avec elle) comme aussi faisoient plusieurs aultres au païs ; elle avoit, aultrefois, faulsement et contre vérité, accusé devant justice ung nommé Michiel Cappon de l’avoir prinse ou voulu prendre à force, et estoit coustumière de ainsi faire. » Il ne se pouvait rien de plus infamant que ces allégations. Après que Lemire eut obtenu le privilège de saint Romain, Jeanne Corvière reprit l’instance contre lui, et, à sa première plainte relative au viol, enjoignit une autre pour injures et calomnies. Elle demanda que Lemire fût condamné « à luy cryer mercy (pardon) devant la court, à luy payer six cents salus[1] d’or, et à la pourveoir

  1. Ancienne monnaie d’or, qui représentait la salutation de l’ange à la sainte Vierge, et qui portait pour légende : « Salus populi suprema