Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/240

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jurisprudence fixe sur un usage qui, précédemment, avait donné lieu à tant de débats. Ils voulaient surtout amener le chapitre à solliciter des lettres de confirmation du privilège. C’était à ce but que tendaient tous leurs efforts. Par là, d’abord, l’autorité royale rentrait pleinement dans ses droits ; et, en supposant que le chapitre obtînt une confirmation de son privilège, il paraissait impossible qu’une déclaration nouvelle n’exceptât pas du pardon ces grands crimes dont l’impunité indignait les magistrats et effrayait la société.

Les chanoines de Rouen ne pouvaient se résoudre à solliciter une confirmation en forme. Ces prêtres avisés craignaient, non sans fondement, de voir modifier ou même anéantir la plus belle, la plus glorieuse de leurs prérogatives, par le premier roi qui la regarderait de trop près ; et puis, à leur sens, ce privilège, qu’ils faisaient remonter à Dagobert, et auquel ils donnaient une origine céleste, était, par cela seul, perpétuel, irrévocable, inamissible. En demander la confirmation au roi, même le plus bienveillant, c’était, dans le présent, méconnaître eux-mêmes la source toute divine de leur droit ; et, pour l’avenir, mettre tout à l’aventure. Car ce qu’un roi aurait bien voulu consentir à confirmer, un autre roi n’aurait-il pas la fantaisie de le détruire ? Mais on les pressait vivement, et il fallut bien se résoudre. Combien alors ils s’applaudirent de ce