Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/313

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butte. Après une longue discussion, on permit à l’abbé Bigot d’assister aux assemblées. Mais il fut obligé de promettre solennellement, et de jurer même qu’il ne révélerait à son père l’avocat-général rien de ce qui aurait été résolu ou dit, en chapitre, relativement à cet objet.

Bientôt le chapitre adressa au roi un mémoire apologétique de l’élection par lui faite de Le Sens pour lever la fierte. Souvent, disait le chapitre dans ce mémoire, souvent le parlement a admis à jouir du privilége, des prisonniers chargés de plus grands crimes que ceux imputés à Le Sens. Au reste, le choix à faire, par les chanoines, d’un prisonnier pour lever la fierte, était, la plupart du tems, fort difficile, en ce que le parlement et les autres juges royaux « pour frauder le privilége, l’énerver et tascher de le mettre au néant » faisaient, tous les ans, plusieurs jours avant l’insinuation, transporter tels prisonniers qu’ils voulaient, des prisons de Rouen en d’autres prisons hors la ville. Ils ôtaient ainsi aux chanoines la liberté d’élire « tel prisonnier qu’ils désireroient à leur advis et conscience. » Il était arrivé plusieurs fois que ces prisonniers, ainsi transportés « en autres prisons et geôles peu seûres et mal gardées, s’estoient évadés et soustraits aux peines qu’avoient encourues les horribles maléfices et exécrables crimes par eux commis. » Une année entre autres, il s’en était enfui, en une seule fois,