Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/346

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de l’Ascension (mercredi des Rogations), un prédicateur nommé Leharenger avait monté les têtes, en répétant en chaire, avec une affectation marquée, « qu’il n’estoit plus raisonnable d’eslire des huguenotz. » Ces paroles avaient volé de bouche en bouche, commentées de mille manières. Ce que disaient alors les prédicateurs était pour le peuple parole d’évangile, quoique malheureusement, à cette époque, il s’en manquât de beaucoup, la plupart du tems ; et, le lendemain, une multitude passionnée, répandue dans les rues, sur les places, et surtout dans les avenues du chapitre et du Palais-de-Justice, faisait entendre des murmures, et criait que « Goubert estoit ung huguenot. » Un énergumène nommé Bigot, suivi de quelques hommes de sa trempe, parcourait la ville, criant « sy on nomme des huguenotz pour lever la fierte, ilz n’en jouyront point. » Il était faux que Goubert et ses complices eussent embrassé la religion nouvelle. Quelques individus, qui prétendaient au privilège de saint Romain, en concurrence avec eux, voulant les rendre odieux au chapitre et les faire exclure de cette grâce, avaient méchamment fait répandre ce mensonge. Mais Claude Goubert et ses complices, avertis à tems, s’étaient adressés aux curés de Montville, de Clères, d’Anceaumeville, de Heugleville et de Saint-Remy-des-Lettes, qui tous s’étaient empressés de rendre le témoignage le plus favorable