Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eût dit ce cardinal, l’année précédente, l’élection de Raoul Coignet avait fait plus de tort que de bien au privilège de la fierte, et il en était resté dans l’esprit du public et des magistrats des impressions fâcheuses. On ne peut attribuer à un autre motif la démarche que fit, cette année, le premier président Claude Groulard, sieur de la Cour. Le lundi qui précéda le jour de l’Ascension, il se rendit au chapitre, où tous les chanoines étaient assemblés. Il leur adressa de « vives remonstrances sur l’abus qu’ils faisoient du privilège, et les advertit de mieulx procéder à l’eslection du prisonnier qu’il leur estoit permis d’eslire par leur privilège, qu’ilz n’avoient procédé par le passé, les asseûrant qu’aultrement leur privilège seroit abrogé à cause des abus qui y avoient esté commis par le passé[1]. » Que cette remontrance eût ou non pour but secret d’exclure le sieur Des Aubuz, le chapitre n’en choisit pas moins ce gentilhomme pour lever la fierte. Ce choix excita de grands murmures dans Rouen. On avait applaudi, l’année précédente, au vœu qu’avaient émis quelques députés, de voir le privilège réservé désormais pour des Normands ; et le peu de succès de cette demande avait indisposé les habitans de Rouen. Le choix de l’année présente mit le comble au mécontentement général. La fierte

  1. Journal (manuscrit) de la ville de Rouen.