Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/429

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

informé. Comme on s’occupait de l’instruction, le procureur du roi à Vernon envoya un renseignement qui prouvait, avec plus d’évidence encore, la longue préméditation du crime. Peu de tems auparavant, un sieur D’Amonville, ligueur forcené, plein de haine pour les royalistes, apprenant la mort de Larchant, capitaine des gardes de Henri IV, arrivée au siége de Rouen, avait dit ; « Larchant est mort, Du Hallot sera bientost de mesme[1]. » Prédiction ou menace qui ne s’était que trop fidèlement accomplie ! L’instruction languit quelque tems, soit à cause de l’importance et de la complication du procès, soit parce que tous les coupables étaient en fuite, ou retirés dans des villes au pouvoir de la ligue. Mais ces procédures effrayaient D’Alègre, et il songea à se mettre en sûreté. A jamais perdu dans le parti royaliste, par l’exécrable forfait qu’il venait de commettre et dont avait péri victime un homme cher au roi, il vit qu’il ne lui restait plus d’autre ressource que la ligue, dont, long-tems, il avait été l’un des adversaires les plus acharnés. De son château de Blainville, situé à quatre lieues de Rouen, assez forte place défendue par des tours nombreuses et environnée de vastes fossés, naguère il avait fait, avec quelques soldats attachés

  1. Registres secrets du parlement royaliste sèant à Caen, 26 septembre 1593.