Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/436

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religion catholique, apostolique et romaine, et en faisant, par eux, profession de foi et le serment de la dicte unyon. » Ce serment, Claude de Péhu le prêta, à l’heure même, devant le parlement, avant d’être délivré aux députés du chapitre ; puis il alla lever la châsse de Saint-Romain, marcha par les rues de Rouen, le front ceint d’une couronne d’innocence, et rentra impuni dans cette société que son crime avait glacée d’effroi. Le lendemain, lorsque, suivant l’usage, Claude de Péhu vint au chapitre, entendre une semonce et recevoir sa pancarte de sûreté, qu’auraient dit les chanoines, si quelque homme grave et d’autorité, justement indigné de l’abus qu’ils faisaient d’un privilège si beau en lui-même, leur eût adressé les paroles que Pasquier écrivait, presque dans le même tems, au président Bigot de Thibermesnil, son ami, et leur eût parlè en ces termes : « Comment se peut-il faire, Messieurs, qu’un si homme de bien comme fut vostre sainct Romain, produise un effect contraire à sa saincteté, et que ceste saincteté soit comme une franchise des meurdres les plus détestables[1]. » En entendant cette sévère apostrophe dans la bouche d’un homme dont le caractère et la vertu auraient inspiré un respect involontaire, le chapitre eût été sans doute embarrassé de sa

  1. Lettres d’Estienne Pasquier, livre 8, lettre 9e.