Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/504

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de cresme dont fut oingt Clovis et depuis la plus grand’part des roys de France ? Avec vostre règle, vous direz que cela est faux, car on n’en voit rien dans la vie de Clovis, ni dans celle de sainct Remy, ni dans Grégoire de Tours qui a parlé de ce baptême. Pendant quatre cents ans entiers, on ne l’a sçu que par ouyr dire. Que vous semble encore du miracle (cru à Paris et partout ailleurs) de sainct Denys, leur premier apostre, qui, après avoir esté décapité, porta sa teste sur ses bras, jusques au lieu où est maintenant la ville de son nom ? Sy vous voulez parler rondement, vous direz, comme du miracle de sainct Romain : Il est faux et supposé, c’est un mensonge. Voudriez-vous bien soustenir cela en bonne compaignie ? Oseriez-vous l’escrire aussi hardiment que vous avez faict du miracle du dragon ? La maxime vous y conduit, car, en la vie de sainct Denys, il n’y en a pas un seul mot ; les escrivains des siècles subséquens l’ont teu. Celuy qui l’a escrit le premier, a esté Hilduinus, environ sept cents ans après. Toutes fois, nous ne vous conseillons d’en faire comme vous avez faict en vostre plaidoyer. L’impunité qu’apporte ce privilége à un coupable, invite, dit-on, les autres au meurtre, pour l’espérance qu’ils ont d’y parvenir ? Nous n’approuvons pas, non plus que sainct Augustin, les meurtres ; mais nous les détestons grandement, et disons plus, que, s’il y a nation sous le ciel où ils