Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/506

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œil le chapitre avait envisagé l’édit de 1597, donné, disait-il, dans un tems où il estoit mal veu à cause de la ligue. C’est peut-être pour se dédommager d’avoir loué à contre-cœur un édit qui leur déplaisait si fort, que les chanoines ajoutent : « Nous pouvons dire que, depuis ceste modification, nous n’avons admis à lever la fierte aucun qui l’ait si bien mérité que Bouthillier, lequel, par son vénéneux plaidoyé, a tasché d’empoisonner les aureilles et la conscience de messieurs du grand-conseil. Mais, dira-t-on, plaider faux est-ce un poison ? Oui, et plus dangereux que celuy qui infecte le corps, d’autant que l’âme est plus précieuse. »

Bouthillier avait dit que l’intervention du chapitre avait été « pratiquée par quelques chanoines poussés de l’espérance qu’ils attendoient d’un sale profit. » Le chapitre, dans sa Défense du privilége, protestait de son unanimité, et ajoutait que c’était « Bouthiller qui avoit prostitué sa plume et sa langue à ses clients pour esventer et estaler ce beau chef-d’œuvre de plaidoyé, au mesme prix. » — « Nostre compaignie, ajoutaient-ils, est composée de cinquante, dont le moindre luy apprendra la modestie et à parler dialecte chrestien. Monsieur l’advocat, ne vous deviez-vous pas contenter d’avoir prononcé ce plaidoyé sans le faire imprimer ? Il y a arrest contre. Messieurs du conseil n’ont voulu toucher au privilége. Vous avéz faict si peu d’effort