Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/524

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entre autres, avec les sieurs De Nollent de Laschy, ses neveux, et y trouva une réunion nombreuse, dans laquelle était le sieur D’Alleray, accompagné de plusieurs de ses amis. Sous prétexte que ce dernier avait, depuis la scène arrivée entre eux, tenu contre lui les propos les plus injurieux, Anne De Voré lui adressa des reproches qui ressemblaient beaucoup à une provocation. Des deux côtés, on mit l’épée à la main ; on chargea les pistolets ; on se battit ; le sieur D’Alleray fut tué. Poursuivi par la justice, Lespicière s’enfuit et se réfugia à Rouen, où il eut une querelle avec un soldat, et lui donna un soufflet. Ce soldat cria haro contre lui, et le fit arrêter et écrouer à la conciergerie de la cour ecclésiastique. A en croire Lespicière, ce fut seulement dans cette prison qu’il apprit ce que c’était que le privilége de saint Romain, et que l’idée lui vint de l’invoquer pour se soustraire aux conséquences graves que pouvait avoir sa fâcheuse affaire avec D’Alleray. Si cette déclaration était sincère, il faut appliquer ici le proverbe : « A quelque chose malheur est bon » ; car si Lespicière ne se fût pas fait arrêter, peut-être n’aurait-il jamais entendu parler du privilége ; et, alors, comment se soustraire aux poursuites dirigées contre lui ? Les D’Alleray avaient du crédit ; prévoyant que Lespicière pourrait recourir au privilége de la fierte, ils obtinrent de Marie de Médicis une lettre adressée au chapitre