Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/542

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amis, les uns l’épée à la main, les autres munis d’armes à feu, s’avancèrent pour s’y opposer. Une mêlée eut lieu dans l’obscurité de la nuit ; des coups d’épée et de mousquet furent échangés. Le sieur De Pontac père, atteint d’un coup mortel, expira le jour même ; quelques uns de ses amis furent blessés. Un procès criminel, commencé à Bordeaux, contre le sieur De Thirac et ses complices, fut évoqué au parlement de Paris ; deux des complices furent condamnés à mort et exécutés. Mais Thirac dit à Rouen que « c’estoit pour autre acte, sçavoir est pour s’estre mariez, encores qu’ilz le fussent desjà et que leurs femmes feussent vivantes. » Si ce dernier cas était pendable, il faut avouer que l’équipée de Bordeaux ne l’était guère moins. Pour le sieur De Thirac, il était en fuite, et fut condamné à mort par contumace. Après avoir erré plusieurs années en Flandre et en Espagne, enfin il vint, en 1618, solliciter à Rouen la fierte qu’il obtint. Dans ce laps de tems, la demoiselle De Lestonac, qu’il avait recherchée avec tant d’ardeur, s’était mariée, comme l’avait voulu sa mère, au fils du sieur De Pontac ; et ainsi, trois ou quatre hommes avaient péri, et un magistrat s’était deshonoré inutilement.

L’arrêt du conseil, qui, en 1612, avait débouté le sieur De Lespicière du privilège de la fierte, n’avait pas moins déplu aux magistrats de Rouen