dissemblables[1]. » Ce que disait ici le chapitre en parlant de la papesse Jeanne, a son application directe à l’histoire (aussi peu digne de foi) de la gargouille ; il n’y a que les noms qui diffèrent.
La fausseté du miracle de la gargouille nous paraissant désormais prouvée, quelle est donc la véritable origine du privilége de la fierte ? Froland, jurisconsulte normand justement célèbre (mort en 1746), disait : « Je ne conseillerois à qui que ce fût de se donner le moindre mouvement pour tâcher de découvrir cette origine ; ce serait, ajoutait-il, chercher la pierre philosophale[2]. » L’avis n’était pas encourageant, donné surtout par un homme si versé dans nos antiquités, et qui, apparemment, avait cherché long-tems ce que maintenant il déclarait introuvable. Toutefois, l’Académie de Rouen, fondée en 1744, n’hésita pas, en 1758, à mettre au concours cette question si intéressante pour la ville et la province : « La délivrance annuelle d’un meurtrier à Rouen a-t-elle quelque fondement historique dans l’histoire de Normandie ? » Le prix fut décerné, en 1760, à un sieur Le Moine, secrétaire-archiviste de l’église de Toul. L’Académie possède encore dans ses archives deux des mémoires envoyés alors au concours.