Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/63

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était un acte de la plus sage politique. Qui ignore combien grande était alors l’influence du clergé sur les peuples ? Le chapitre était bien puissant dans Rouen ; l’Angleterre était bien voisine de la Normandie, et l’occupation de cette province par Philippe-Auguste était un fait encore si récent ! Eût-il été prudent à un nouveau souverain d’indisposer les chanoines, en leur contestant un droit auquel ils tenaient tant ? Quoi qu’il en soit, en exécution des ordres du roi, le jour de la fête de saint Pierre et saint Paul, les deux commissaires firent venir, dans l’abbaye de Saint-Ouen, neuf témoins, savoir : trois chanoines de la cathédrale, trois chevaliers et trois bourgeois de la ville[1]. Ces neuf témoins déposèrent, sous la foi du serment, que « jamais, sous les règnes de Henri II et de Richard-Cœur-de-Lion, ducs de Normandie, il n’y avait eu de difficulté sur le point aujourd’hui en litige. » Chaque année, le jour de l’Ascension, un prisonnier était délivré au chapitre, en cette forme : Lorsque la procession passait devant le château, les chanoines allaient à la porte de la prison, où ils trouvaient tous les prisonniers, qu’on avait eu le soin de faire sortir de leurs

  1. Les trois chanoines étaient Henri, chantre ; Raoul, archidiacre ; Vautier de Catenay. Les trois chevaliers étaient Jean de Préaux ; Luc, fils de Jean ; et Robert de Fresquienne. Les trois bourgeois étaient Jean Fessard ; Laurent d’Ylion; et Jean Luce.