Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/89

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la délivrance annuelle d’un prisonnier ? c’est ce que Sacy ne disait pas. Notre système, s’il n’est pas aussi ingénieux, n’est-il pas, du moins, plus vraisemblable et plus complet ? Le lecteur en jugera. Après Sacy, vint le savant bénédictin dom Toussaint Duplessis, qui dit que « ce trait d’histoire (le récit du miracle et de la concession du privilège) ne pouvoit avoir été inventé que dans un siècle d’ignorance, et ne méritait pas d’être réfuté[1]. » Les auteurs de la nouvelle Gallia christiana[2]) le traitèrent avec le même dédain, et se moquèrent des premiers éditeurs, qui, disaient-ils, n'avaient pas eu honte de rapporter cette fable, « non piguit. »

Aussi, plus d’un siècle avant la suppression du privilège, les chanoines n’osaient plus rien dire sur son origine. Dans un mémoire adressé au roi en 1698, et qu’ils savaient devoir être regardé de près, on est presque étonné de les entendre dire : « Les différens changemens qui sont arrivés dans la France, et particulièrement en Normandie, sont cause que les supplians ne peuvent rapporter l’origine de ce privilège, et ils aiment mieux n’en rien dire que d’avancer quelque chose qui puisse être révoqué en doute. » On les voit s’exprimer presque de la même manière dans un autre mémoire de l’an

  1. Description de la haute Normandie.
  2. Tome xi, page 12.