Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/134

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d’empêcher les abus qui pourroient naître de ce privilége[1]. » Ainsi le chapitre, qui avait craint, non sans sujet, de voir modifier encore, ou peut-être même supprimer son privilége, en obtint, au contraire, une confirmation très-authentique. Car on ne saurait regarder autrement la dernière lettre de M. Bertin, écrite par ordre du roi.

1759. Dampierre, meurtrier de sa femme, élu par le chapitre, refusé comme indigne, par le parlement.

Nous l’avons dit, M. De Miromesnil, dans sa lettre au ministre, citait un éclatant exemple de la sévérité du parlement relativement aux prisonniers élus parle chapitre pour lever la fierte. C’est ici le lieu de rapporter ce fait, que nous n aurions pu donner à sa date sans interrompre l’ordre du récit. En avril 1756, Madeleine Cavelier, femme de François Dampierre, laboureur à Limésy, fut trouvée morte dans l’écurie, aux pieds des chevaux, dont un était détaché du râtelier ; on voyait, auprès d’elle, une fourche dont le manche était brisé. Dampierre était allé, ce jour-là, au marché de Pavilly, et, dès le matin, il avait envoyé son valet de ferme à Yerville, à une lieue de là. Lorsque Dampierre revint, le soir, à Limésy, tout y était en rumeur. Ses trois petits enfans en bas âge, sans doute témoins inaperçus d’une horrible scène, avaient dit à qui avait voulu les entendre, que papa avoit tué maman derriere les dadas ; et il est facile

  1. Cette lettre est du 11 janvier 1767. (Registres secrets du parlement.)