Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de cette affaire. Dix-huit ou vingt des habitans du Tronquay furent décrétés de prise de corps ; les autres mis en ajournement personnel. On parvint à en arrêter trois ou quatre seulement ; tous les autres s’enfuirent et se refugièrent dans les bois avec leurs femmes et enfans. La plupart « estoient des manouvriers gaignans leur pain à travailler dans les forests, n’ayant que leur hache pour nourrir leurs familles… Ils se virent réduicts en une extrême nécessité et à vivre parmi les bestes, pendant que leurs enfants alloient mendier leur pain ; la plupart de ces malheureux estoient forcéz de paistre l’herbe comme les brutes, estant courus journellement par des cavaliers qui les tuoient à coups de pistolets. » Ils passèrent deux années dans ce déplorable état. C’est du fond de cet abîme de misère, qu’en 1644, c’est-à-dire deux ans après l’événement que nous avons rapporté, ces infortunés tournèrent leurs regards vers l’église de Rouen, et résolurent de recourir au privilége de saint Romain. Ils adressèrent au chapitre une supplique qui nous offre les détails que nous venons de reproduire. Au premier avis que le chevalier de Fours reçut de cette démarche, il s’empressa de former opposition à leur demande. Il s’agissait, dit-il, d’un fait de guerre, d’une rebellion à main armée commise par les habitans du Tronquay contre l’autorité et les ordres du roi ; c’était un crime de lèze-majesté,